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VISITES DES BOUDHAS DANS L’ÎLE DE LANKA

quarante mille âmes ; il passa le jour en ce lieu et dans la soirée se rendit au lieu du grand arbre sacré et s’y reposa un moment sous l’influence bénie de Dyâna[1] ; alors il se leva et pensa : « Je veux suivre la voie des précédents Bouddhas. » Et alors il étendit la main droite dans la direction de l’arbre sacré Bo[2] et ordonna par son pouvoir surnaturel : « que la sainte prêtresse Rouchinanda, la première de ces prêtresses de ma religion qui ont fait des miracles, apparaisse ici apportant la branche méridionale du grand arbre sacré Bo. »

11. Et à cet instant même la sainte prêtresse, percevant l’ordre du Bouddha, fit faire par le roi Khémâwati, de la cité de Khémàwati, un cercle d’orpiment jaune tout autour de la branche méridionale de l’arbre sacré Bo ; et ainsi cette branche s’étant détachée d’elle-même, elle la cueillit et la plaça dans la main sacrée que le Bouddha tenait étendue.

12. Alors Bouddha regarda en face le roi Abhaya et dit : « grand monarque, suis les pratiques des premiers rois de cette île, bénis et prospères comme tu l’es toi-même », et fit planter par ce souverain l’arbre sacré. De là, se dirigeant vers le nord, il s’assit au lieu de Lowámahápáya, qui à cette époque s’appelait Sirisa-Malaka, prêcha sa doctrine et affranchit de la trans migration trente mille âmes. Puis il alla s’asseoir dans le lieu de Thoupáráma, et, se levant par la bienfaisante influence de Dyâna, il prêcha sa doctrine, et en cette même place il sauva de la transmigration dix mille personnes. Et il laissa dans cette île la sainte prêtresse Rouchinanda avec cinq cents prêtresses et le saint prêtre Mahadewa avec dix mille autres prêtres. De là il se rendit à Déwakouta (Mihiutala) et, se tenant debout en face du monument de Batamahasala, il exhorta tous les habitants de l’île et retourna à Jamboudwipa à la vue de tous les êtres vivants.

13. Depuis ce temps, pendant toute la durée de cette période bouddhique, chaque roi qui est né dans ce pays adora les trois Gemmes et alla à la cité de Nirvâna.

  1. Méditation parfaite qui permet de méditer avec un esprit impassible sur les plus profondes abstractions religieuses ; c’est la méditation toute-puissante des Bouddhas suprêmes ou Dyani-Bouddbas. Le Dyâna est divisé en quatre degrés ou stages à chacun desquels appartiennent certains devoirs, certains états et certaines acquisitions de connaissances, et que l’on parcourt dans le but d’atteindre le Nirvâna ou émancipation finale.
  2. Ficus religiosa (Voir p. 1, note 3).