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tion doigts qui ont été, sans doute, les premiers instrumens dont nous nous sommes aidés pour compter. Aussi voit-on le nombre dix jouer un rôle plus ou moins important dans les systèmes de numération les plus divers, dans ceux mêmes des peuples qui jamais n’ont eu entre eux aucune communication.

Il n’en est pas moins vrai qu’en réunissant plus ou moins de dix unilés de chaque ordre dans une unité de l’ordre immédiatement supérieur, on peut, à l’imitation de notre système de numération, en concevoir tant d’autres qu’on voudra, tout aussi réguliers que celui-là, dont plusieurs n’auraient rien à lui céder du côté des avantages et dont quelques-uns même pourraient lui être préférables à certains égards. Nous n’avons donc pas seulement en mains une langue unique, mais bien une infinité de langues propres à exprimer uniformément tous les nombres. Dans chaque système de numération, ainsi calqué sur le nôtre, le nombre qui exprime combien on réunit d’unités de chaque ordre, pour en faire une de l’ordre immédiatement supérieur, est ce qu’on appelle la base du système ; et on dit, en conséquence, que notre système de numération a dix pour base. Il est aisé de voir que chacun de ces systèmes exigera l’usage d’autant de chiffres, y compris le zéro, que sa base contiendra d’unités. Si donc sa base est moindre que dix, nos chiffres n’y seront pas tous employés ; si, au contraire, elle est plus grande, il exigera l’introduction de nouveaux chiffres. Il paraît que, dans une antiquité très-reculée, le système binaire, c’est-à-dire, celui qui a deux pour base, et qui n’exige conséquemment que l’emploi des chiffres et était connu et pratiqué dans l’empire de la Chine.

Il convient de remarquer ici que notre manière de lire les nombres en les partageant en tranches de trois chiffres revient exactement à considérer tous les nombres inférieurs à mille, sauf à décrire un ou deux zéros à la gauche de ceux qui n’ont que deux en un chiffre, comme les chiffres d’un système de numération