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s’énoncent trente-neuf, trente-huit et trente-sept ; les nombres qui s’écrivent

s’énoncent dix-neuf, dix-huit et dix-sept ; de même donc que les nombres qui s’écrivent

s’énoncent trente-six, trente-cinq, trente-quatre, trente-trois, trente-deux et trente-un ; les nombres qu’on écrit

devraient s’énoncer dix six, dix cinq, dix quatre, dix trois, dix deux, et dix un ; cependant l’usage veut qu’on les énonce seize, quinze, quatorze, treize, douze et onze.

Ces anomalies ne portent heureusement que sur la numération parlée et non sur la numération écrite qui, comme nous l’avons déjà fait observer, est d’une régularité parfaite. Cela s’explique facilement si l’on considère que la numération écrite n’est guère employée que par des hommes qui ont déjà acquis assez d’instruction pour sentir tout le prix de l’uniformité, et pour ne point y porter atteinte partout où ils la trouvent établie ; tandis qu’au contraire la numération parlée est à l’usage de tout le monde, des ignorans aussi bien que des savans. C’est la même raison, sans doute, qui fait que la langue parlée des plus petits nombres, à l’usage de plus de gens, et des gens des plus basses classes, est plus altérée que celle des plus grands. C’est sans doute la même cause qui fait que, dans toutes les langues, les verbes dont l’em-