Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1830-1831, Tome 21.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais le premier seul est soumis à cette règle ; les cinq qui le suivent immédiatement s’énoncent

Vingt, trente, quarante, cinquante, soixante

dénominations qui seraient passablement régulières si, comme on l’a proposé, on remplaçait le mot vingt par le mot duante.

Pour continuer sur le même plan, les nombres qui s’écrivent

devraient s’énoncer

Septante, huitante, nonante ;

c’est ainsi, en effet, que le peuple les énonce dans nos confrées méridionales, et que nous conseillons au lecteur de les énoncer comme nous le faisons nous-même ; mais, dans les salons du midi et dans tout le nord de la France, on a trouvé, et il serait assez difficile de dire pourquoi, qu’il était de plus bel air de dire

Soixante et dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix.[1]

Il est très-vrai que soixante, augmenté de dix, font septante ; mais quarante augmenté de dix font bien cinquante, et pourtant on n’a jamais songé à remplacer cette dernière dénomination par l’expression quarante et dix. Il est encore vrai que quatre-vingts ou quatre fois vingt font huitante ; mais trois vingts font aussi soixante ; l’on n’a pourtant jamais songé à remplacer cette dernière locution par la première. On comprend d’après cela que l’expression quatre-vingt-dix est encore plus barbare que les deux au-

  1. La bonne société dit pourtant, en parlant de la Bible, la version des septante.