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lement créé des mots pour exprimer les unités des ordres supérieurs. À la vérité il résulte de là que, pour pouvoir nommer tous les nombres, il faudrait créer une infinité de mots ; mais on doit remarquer, d’une part, que les besoins de la société, même la plus avancée, exigent rarement l’emploi des nombres composés d’une grande multitude de chiffres, et, d’une autre, que, quand cela arrive quelquefois, on se contente d’écrire les nombres sans songer à les énoncer dans le discours.

Nous allons voir, au surplus, qu’en formant la nomenclature des unités des différens ordres, on a cherché à faire quelque économie sur la création des mots. Nous venons de voir que, dans le système de numération en usage, les unités des quatre premiers ordres ont reçu, des plus petites aux plus grandes, ou de droite à gauche, les dénominations d’unités, dizaines, centaines, mille. Ces dénominations n’ont, comme on le voit, aucune analogie ni entre elles ni avec le rang des unités qu’elles expriment. Ce sont de purs signes d’institution, ne représentant les idées signifiées qu’en vertu d’une convention tout à fait arbitraire.

Si l’on eût voulu continuer sur le même plan, il aurait fallu créer, pour les unités des ordres de plus en plus élevés, des dénominations également arbitraires et indépendantes entre elles, ce qui aurait surchargé la mémoire d’autant de noms nouveaux qu’on aurait eu d’ordres d’unités à considérer. Pour éviter cet embarras, on a eu recours à un expédient qu’il convient de remarquer avec quelque attention, parce qu’on peut user d’une ressource analogue toutes les fois qu’on a des nomenclatures à créer, ce qui arrive assez fréquemment dans les sciences.

On a donc considéré que, puisque les unités du cinquième ordre étaient dix fois plus grandes que les milles ou unités du quatrième, on pouvait fort bien les appeler des dizaines de mille, tout comme celles du second ordre sont des dizaines d’unités. On a considéré pareillement que, puisque les unités du sixième ordre étaient dix fois dix fois, c’est-à-dire, cent fois plus grande que