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révolterions néanmoins contre quelqu’un qui nous proposerait l’usage d’un signe nouveau, dont le choix n’aurait d’autre motif que sa volonté, tant l’arbitraire nous déplaît sous quelque forme qu’il se produise.

Aussi, en remontant, par les manuscrits, jusqu’à l’invention première de nos chiffres arabes, trouve-t-on que tels que nous les employons aujourd’hui, ces chiffres, comme tous les autres signes d’institution, ne sont que le produit des dégradations qu’ont subi successivement d’autres signes d’abord très-naturels, c’est-à-dire des signes qui, dans la pensée des inventeurs, avaient une liaison étroite avec les idées dont ils étaient le rappel. On conçoit que les mêmes recherches n’ont pu être tentées par rapport aux noms de ces chiffres, attendu que les mots sont des signes fugitifs dont on ne saurait suivre la trace, comme on le fait des signes permanens, et d’ailleurs ces mots, étant employés par les classes même les plus grossières de la société, ont du s’altérer d’une manière beaucoup plus rapide. Nous nous bornerons donc à remarquer à ce sujet que, si l’on en excepte les mots quatre et zéro, les noms de tous nos chiffres sont d’une seule syllabe, comme il convient pour des mots qui doivent être d’un emploi fréquent.

Venons présentement à la numération parlée, et reprenons de nouveau le nombre

on pourrait fort bien l’énoncer ainsi : six unités du quatrième ordre, quatre du troisième, sept du second et trois du premier, et en user de même pour tout autre nombre, ce qui n’exigerait la création d’aucun mot nouveau ; mais nous avons déjà vu que, pour exprimer les unités du second, du troisième et du quatrième ordres on avait inventé, sans doute pour abréger le langage, les mots dizaine ou dix, centaine ou cent et mille ; et on a éga-