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Dans tout ce qui précède nous avons eu soin d’accoler constamment l’un à l’autre les deux mots grandeur et quantité, afin d’accoutumer mieux le lecteur à les considérer comme de parfaits équivalens. Désormais nous nous dispenserons de ce soin, et nous ne ferons plus simplement usage que de l’un ou de l’autre seulement. Il est toutefois assez commode d’avoir à choisir entre eux, surtout dans la construction des phrases où l’on est contraint de les employer à la fois sous leur acception vulgaire et sous celle qu’il reçoivent en mathématiques. On évite de la sorte des locutions choquantes de la natures de celles-ci : la grandeur d’une grandeur, une certaine quantité de quantités, que l’on peut alors remplacer par celles-ci : la grandeur d’une quantité, une certaine quantité de grandeurs. Nous remarquerons aussi que, par cela même que le mots grandeur est réputé plus noble que le mot quantité, on dit plus volontiers, dans le style élevé, la science des grandeurs que la science des quantités.

deuxième leçon.
Nous ne connaissons que des rapports.

Si, au moment présent, tous les objets matériels qui existent dans l’Univers, notre propre corps compris, devenaient tout à coup deux fois plus grands, dans tous les sens, et qu’il en fût de même des intervalles qui séparent actuellement ces corps les uns des autres, aurions-nous quelque moyen de nous apercevoir d’un changement aussi subit et aussi étrange ? On serait d’abord tenté de répondre affirmativement ; mais pour peu qu’on se donne la peine d’y réfléchir sérieusement, on s’assurera bientôt que la chose serait tout à fait impossible. On voit, en effet, que les objets qui se trouvaient d’abord à la hauteur de notre main s’y trouveraient encore, puisque eux et elle seraient également deux