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de défenses suffisantes contre leurs attaques ; si, des notre entrée dans la vie, nous avions pu nous passer de l’assistance des auteurs de nos jours ; si, en un mot, la nature avait tout fait pour nous, peut-être n’aurions-nous pas songé à rien ajouter aux avantages dont elle nous aurait doués ; peut-être l’art social serait-il encore à naître ; et notre vie, assez semblable à celle des plantes, n’offrirait sans doute d’autre spectacle que celui d’une continuelle et monotone répétition des mêmes actes. C’est donc précisément, peut-être, par cela même que la nature nous a traités d’une manière si sévère que nous sommes parvenus à nous l’assujétir et à nous en rendre les suprêmes dominateurs.

Si c’était ici le lieu d’expliquer comment, malgré l’excessive inégalité d’intelligence qui se fait remarquer entre eux, dans un âge plus avancé, tous les hommes néanmoins réussissent à peu près également bien dans le premier apprentissage de la vie sociale, je ferais d’abord observer qu’il ne s’agit uniquement là que de connaissances qui touchent essentiellement à notre conservation et à notre bien-être de tous les instans, et qu’on apprend toujours très-bien et très-vite ce qu’on est fortement intéressé à bien savoir. Je ferais observer, en second lieu, qu’excepté peut-être les heures du sommeil, la vie d’un enfant en bas âge est un apprentissage continuel ; et qu’on ne saurait manquer de savoir bientôt ce dont on fait une étude de tous les instans. Je ferais observer enfin que l’enfant en bas âge étudie sans maître, qu’aucune tâche ne lui est imposée, qu’aucune gêne ne lui est prescrite, ni pour le choix des sujets d’études ni pour la manière ni pour le temps ni pour le lieu ; que personne ne vient systématiquement, et à des heures fixes, détourner son attention d’un objet qui l’intéresse, pour la diriger forcément vers un autre qui alors lui offre moins d’attrait ; et que nous ne faisons rien de mieux que ce que nous faisons librement et en suivant notre pente naturelle. Je pourrais ensuite tirer de ces diverses remarques quelques conséquences pratiques, relatives à l’art d’en-