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nous prescrire, entrer dans le détail de tous les phénomènes dans lesquels les couleurs accidentelles ou relatives jouent un rôle plus ou moins important ; nous terminerons donc par un cas qui, bien qu’il soit journellement sous nos yeux, avait néanmoins échappé jusqu’à Buffon à l’attention des observateurs.

Les ombres que les corps opaques projètent sur les surfaces placées dans leur voisinage, sembleraient devoir êlre parfaitement noires, puisqu’elles sont l’effet d’une privation de lumière ; mais, à raison des reflets qui viennent des autres objets ou même de la lumière envoyée par les nuages, ces ombres sont d’un gris plus ou moins clair. Néanmoins, à l’époque du lever et à celle du coucher du soleil, ces ombres paraissent quelquefois d’un bleu ou d’un vert très-sensibîe, surtout lorsqu’elles se projètent sur une surface blanche. Cela tient à ce qu’alors la lumière solaire, ayant à traverser les vapeurs atmosphériques, avant de parvenir aux objets qu’elle éclaire, peut, suivant la nature de ces vapeurs, prendre une teinte orange ou rouge, plus ou moins prononcée, qu’elle communique à la portion de la surface blanche qui environne l’ombre ; cette portion, bien que nous la jugions encore blanche, est donc réellement orange ou rouge, et son aspect doit nous porter à juger bleu ou vert le peu de blanc dont se compose la teinte plus ou moins grise de l’ombre.

Je ne pense pas qu’il existe aucun fait du genre de ceux que nous avons passé ici en revue qui, bien examiné, ne puisse trouver son explication dans les principes fort simples qui nous ont conduit à l’explication de ceux-ci.

Je sens, en terminant, le besoin de m’excuser auprès de mes lecteurs d’oser leur présenter une ébauche si imparfaite, que j’ai eu à peine le temps de relire avant de la livrer à l’impression, et qu’il m’a fallu interrompre sans cesse en la composant ; mais je n’ai le loisir ni de rédiger, pour mon propre compte, des articles plus sérieux ou plus soignés, ni d’examiner les mémoires