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c’est parce qu’il est rare de trouver une lumière artificielle parfaitement blanche, qu’on juge généralement si mal de nuit de la couleur réelle des objets.

On pourrait dire, d’après cela, qu’il n’est pas absolument certain que la lumière solaire soit parfaitement blanche. Si, en effet, cette lumière «tait décidément rouge, nous nous trouverions €xactement sur cette terre comme dans la chambre garnie de rideaux rouges, dont il a été question ci-dessus, et notre œil, frappé seulement des différences, jugerait exactement de la couleur des objets comme il en juge lorsque ces objets sont éclairés par la lumière blanche. On voit même que la lumière solaire pourrait varier de couleur, d’un jour à l’autre, ou même passer graduellement d’une nuance à une autre, dans le cours d’une même journée, sans que nous nous en doutassions aucunement.

Lorsqu’au commencement de ce siècle on chercha à faire revivre l’hypothèse, long-temps délaissée, à l’aide de laquelle Huygens avait tenlé d’expliquer les phénomènes que la lumière nous présente, et qui consiste, comme l’on sait, à assimiler les phénomènes optiques aux phénomènes acoustiques, ma plus forte objection contre cette hypothèse, et qui me tenait encore attaché à celle de Newton, consistait en ce que le rouge, le jaune, le bleu et toutes les couleurs qui résultent du mélange de celles-là, sont telles, absolument et en elles-mêmes, tandis qu’un son, au contraire, n’est grave ou aigu que relativement ; de telle sorte qu’un même son peut être indistinctement un ut, un mi ou un sol, ou même tout autre son intermédiaire, suivant la tonique, tout à fait arbitraire, à laquelle on voudra le rapporter. Les réflexions que j’ai faites postérieurement sur le phénomène des couleurs relatives m’ont paru, si non répondre complètement à cette objection, du moins lui ôter une grande partie de sa force, en montrant que les couleurs, comme les sons, ne nous présentent souvent tel ou tel aspect que relativement. À la vérité, comme dans la série des sons perceptibles à l’oreille, on rencontre une suite d’ut,