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est tant soit peu relevé ; tandis que celles qui, au contraire, se sont habituées, de longue main, à des alimens d’un très-haut goût, finissent par les trouver insipides.

Lorsqu’on entre dans le magasin d’un parfumeur ou dans une pharmacie, on est très-vivement affecté de l’odeur des parfums ou des drogues qui y sont étalés, tandis que les personnes qui sont là tout le jour, pour servir le public, n’y font aucune attention.

Le bruit d’un moulin ne trouble aucunement le sommeil du meunier qui se réveille subitement, au contraire, aussitôt que le bruit cesse.

Enfin, la première fois qu’on fait usage de lunettes vertes, tous les objets qui sont à la portée de la vue semblent se revêtir d’une teinte verdâtre qui paraît s’évanouir graduellement par un usage prolongé de cet instrument.

Le second principe que nous établirons, et qui, comme nous l’avons déjà annoncé, résulte tout naturellement du premier, c’est que, si un organe reçoit simultanément deux impressions, sur l’une desquelles il soit déjà blasé, il ne sera sensible qu’à celle-là seulement qui sera nouvelle pour lui.

Ainsi, par exemple, si, outre la pression atmosphérique qui agit sans cesse sur tous les points de la surface de notre corps, nous recevons l’impression d’un vent léger, ce vent nous affectera comme s’il agissait seul, et que la pression atmosphérique fût tout à fait nulle.

Que quelqu’un, après avoir tenu long-temps dans sa bouche de l’eau de fleur d’orange, y introduise ensuite un mélange d’eau de fleur d’orange et d’essence de girofle, la saveur de ce dernier liquide l’affectera seule, et celle de l’autre sera pour lui comme non avenue.

Si, dans une chambre fortement parfumée de lavande, on vient à présenter à quelqu’un, qui l’habite depuis long-temps, un sachet rempli de lavande et de thym, l’odeur de cette dernière plante l’affectera seule ; il ne sera aucunement sensible à l’odeur de l’autre.

Quelqu’un qui habite sur le rivage de la mer ou dans le voi-