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que le mélange ou la combinaison des trois couleurs primitives, dans de convenables proportions, produit le blanc ; tandis que de l’absence absolue de toute lumière résulte le noir qui en est l’opposé. J’ai prouvé, en effet, à la pag. 228 du x.me volume du présent recueil, qu’il ne résultatt pas invinciblement des expériences de Newton que les couleurs primitives dussent être au nombre de plus de trois, et la pratique des arts n’en reconnaît pas davantage.

Il n’y aurait, au surplus, que très-peu de modifications à faire à la théorie qui va être développée, si l’on voulait absolument admettre plus de trois couleurs simples. Il y a entre les couleurs primitives et les couleurs secondaires cette différence essentielle que les premières sont absolues, et non susceptibles de plus ou de moins, tandis que, suivant les proportions variées des composans, il existe, entre deux couleurs primitives données, une infinité de nuances d’une même couleur secondaire, allant de la première à la seconde par une dégradation continue. Ainsi, il n’y a pas, à proprement parler, différentes sortes de rouges, différentes sortes de jaunes, différentes sortes de bleus ; mais, entre le jaune et le bleu, par exemple, il peut y avoir une infinité de nuances de verts, tirant plus ou moins sur l’une ou sur l’autre de ces deux couleurs.

Ce qui vient d’être observé, relativement à deux couleurs primitives, peut être également appliqué au blanc et au noir, entre lesquels on peut concevoir une infinité de gris, plus ou moins clairs, plus ou moins foncés.

On peut même dire de toutes les autres couleurs, soit simples, soit composées, ce qui vient d’être dit du blanc. Une couleur quelconque que l’on combine avec plus ou moins de blanc, en devient ainsi plus ou moins pâle, tandis que, si l’on en diminue graduellement la lumière, elle deviendra de plus en plus foncée. Ainsi, au lieu de passer du blanc au noir par une suite de gris, on peut y passer par une suite de rosés, d’abord très-pâle, et ensuite de plus en plus sombres ; et est à peu près ce qui