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vail qui entraîne des frais et vaut conséquemment un salaire ; or, les gouvernemens, qui font beaucoup plus en grand que ne pourraient le faire des particuliers, font par là même plus économiquement, et peuvent ainsi livrer cette façon à meilleur compte.

Il faut bien remarquer, en effet, que, de même qu’une masse d’argent façonnée en vaisselle vaut plus que la même masse en lingot, à raison du service qu’on retire de la vaisselle, et que le lingot ne saurait rendre ; pareillement une masse d’argent façonnée en écus doit valoir plus que la même masse brute, et cela à raison de l’usage dont cette façon le rend susceptible. Le métal ainsi modifié a, dans les transactions, une valeur qu’il n’est pas plus au pouvoir des gouvernemens d’accroître que de diminuer. Qu’ils fassent leur monnaie plus forte ou plus faible, qu’ils y introduisent de l’alliage, dans une proportion plus ou moins considérable, qu’ils lui donnent enfin quelle dénomination il leur plaira, peu importe, les particuliers sauront toujours bien s’arranger en conséquence dans leurs transactions. À la vérité, les gouvernemens pourraient bien statuer que, dans les marchés, on donnera telle quantité de chaque denrée en échange de tel ou tel nombre d’écus ; et de telles folies ne sont même pas sans exemples. Mais si une fois on s’engage dans cette voie périlleuse, il faudra aussi, pour être conséquent, rendre les échanges obligatoires, car autrement ils n’auraient pas lieu ; et, pour maintenir une telle législation, il faudra régner par le sabre, comme à Constantinople, ou bien par les échafauds, comme nous l’avons vu à une époque de trop douloureuse mémoire.

Comme une purification complète des métaux, en même temps qu’elle serait longue et coûteuse, les rendrait trop mous, et par suite trop faciles à entamer par le choc ou le frottement, on est généralement convenu de tolérer, dans ceux qui doivent être convertis en monnaie, l’alliage, en quantité déterminée, de métaux d’une qualité inférieure. En France, par exemple, la monnaie d’argent doit contenir un dixième de son poids d’alliage,