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ser en fragmens de dimensions diverses, mais tellement invariables dans leur forme et dans leur poids que la plus légère soustraction de matière pût facilement être reconnue à l’œil, et qui appliquassent ensuite sur chaque fragment une empreinte qui en garantit le titre et le poids. C’est sous cette forme commode que les métaux ont reçu le nom de monnaies, d’espèces ou de numéraire métallique, et qu’ils circulent aujourd’hui par toute la terre pour servir d’intermédiaire dans tous les contrats.

La conversion des métaux en monnaies est une industrie qu’on aurait fort bien pu abandonner, comme tant d’autres, aux combinaisons de l’intérêt particulier. Il est seulement présumable qu’alors on aurait vu, dans nos marchés, des pièces de monnaie qui, sous la même dénomination, auraient été plus ou moins estimées et recherchées, suivant la marque du fabricant, comme il arrive journellement pour tant d’autres productions de l’industrie. Il aurait pu se faire aussi que certains fabricans, mal famés, eussent frauduleusement couvert leur mauvaise monnaie de la marque de quelqu’un de leurs confrères, mieux qu’eux en possession de la confiance du public ; c’est encore là ce que nous voyons arriver dans d’autres genres de fabrication ; et les tribunaux auraient eu à faire justice des uns comme des autres. Afin donc d’empêcher la confusion et les mécomptes journaliers qu’aurait entraîné un tel état de choses, les gouvernemens ont cru devoir se réserver le monopole de cette branche d’orfèvrerie, et en cela ils ont fait, sans doute, une chose utile. À la vérité, ils ont autrefois bien honteusement abusé de ce monopole ; mais l’état présent des lumières et de la morale publique nous garantit suffisamment pour l’avenir contre le retour de ces fraudes, non moins préjudiciables, au surplus, à l’autorité qui ne rougirait pas de s’en souiller, qu’elles pourraient l’être à ses victimes, Outre la sécurité plus grande que peut inspirer la fabrication des monnaies mise entre les mains des gouvernemens, le public y trouve encore un autre avantage. Cette fabrication, en effet, est un tra-