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soin ; un objet qui soit toujours identique avec lui-même, en quelque lieu et à quelque époque qu’il ait été recueilli ; et qui sous un volume médiocre, présente, indépendamment des caprices de la mode, une valeur assez considérable, dérivant uniquemment de sa nature et des services qu’on en peut tirer ; un objet enfin qui, ne perdant rien de sa valeur par un fractionnement illimité, puisse se prêter aux échanges même les plus minimes. À tous ces divers caractères, le lecteur a déjà dû reconnaître les métaux, et surtout les métaux précieux ; aussi sont-ce eux en effet que, sans aucun concert, les nations ont fini par destiner unanimement à cet usage, parce qu’ils réunissent à un degré éminent et réunissent seuls toutes les conditions nécessaires pour le bien remplir.

Si les gouvernemens sont ensuite intervenus dans cette sorte de convention tacite, ça été seulement pour en régler l’exécution et empêcher les abus ; et nous allons voir bientôt que, si leur intervention a pu être quelquefois désastreuse, elle n’a pas été non plus sans quelque utilité. Les métaux ont d’abord été simplement donnés et reçus en lingots informes ; et c’est ainsi, en particulier, qu’ils circulaient à Rome, sous les premiers rois. Mais alors, à chaque échange, il devenait nécessaire d’être pourvu d’instrumens divers, propres à constater la pureté du lingot, à le fractionner en proportion de la valeur de l’objet qu’on voulait acquérir et à s’assurer du poids de ses fragmens ; toutes opérations qui exigent une habitude et des connaissances que tout le monde ne saurait également posséder, et dont l’exécution pouvait d’ailleurs entraîner une perte de temps et même un déchet plus ou moins préjudiciables aux contractans.

Un moyen de parer à tous ces embarras s’offrait, pour ainsi dire de lui-même ; et on ne dut pas tarder d’y recourir. Il suffisait, en effet, qu’il s’élevât une classe particulière d’artistes qui, dans la vue d’un bénéfice convenable, se chargeassent à la fois du soin de vérifier le degré de pureté des lingots, de les divi-