Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1830-1831, Tome 21.djvu/199

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quemment avec plus de sécurité. Ces institutions ont été très-utiles à l’époque qui les a vu naître ; peut-être même leur existence est-elle encore nécessaire dans certaines contrées ; mais elles n’en sont pas moins l’indice d’une civilisation très-imparfaite. En \operatorname{Ang}leterre et en Hollande il n’y a point de foires, parce que le commerce y est toujours et partout également florissant ; et, si l’on en rencontre encore dans quelques contrées de l’Europe, elles ne s’y maintiennent plus que par l’effet d’une longue habitude ; leur importance y va sans cesse en déclinant, et, plutôt ou plus tard, elles doivent infaillement disparaître.

Dans rorigine des foires, il est probable que chacun y transportait lui-même les objets qu’il avait dessein d’y échanger ; mais, comme de fréquens déplacemens devenaient trop onéreux et incommodes, on peut conjecturer que, peu à peu, les hommes les plus actifs, les plus inîelligens et les plus intrépides se seront offerts, moyennant la cession d’une certaine portion des objets échangeables, d’y consommer des échanges pour leurs voisins, comme pour eux-mêmes. Ce service, également profitable à ceux qui le recevaient et à ceux qui le rendaient, sera devenu peu à peu une profession distincte de celles de chasseur, de pêcheur, de pasteur, d’agriculteur et de fabricant ; il se sera formé une classe d’hommes qui, n’ayant eux-mêmes rien à échanger, se seront chargés de consommer les échanges de toutes les autres classes, et telle peut être l’origine de la classe des courtiers, intermédiaires utiles entre les producteurs de toutes les contrées. On aura remarqué plus tard que, dans l’intervalle d’une foire à la suivante, on pouvait désirer de satisfaire, par des échanges, à des besoins divers qu’on n’avait pas su ou qu’on n’avait pas pu prévoir à l’avance ; ceux qui, les premiers, auront fait cette remarque auront imaginé de rapporter des foires des objets propres à satisfaire ces besoins, de les emmagasiner pour les livrer ensuite, avec bénéfice, à mesure des demandes. Ainsi se sera formée la classe des marchands, dont l’existence aura rendu la prévoyance