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rendent propres à une multitude d’usages divers ; de sorte que la condition de l’homme sur la terre serait des plus déplorable sans le commerce qui, établissant entre les diverses nations des relations également avantageuses à toutes, devient à la fois la cause et la condition de la perpétuité de leur séjour dans les lieux où elles se trouvent établies[1].

Dans les premiers âges de la civilisation, où le manque de grandes routes, de moyens commodes et prompts de correspondance et de transport, de police et de force publique, rendaient les relations de peuple à peuple également rares et périlleuses, il devait être d’ordinaire assez difficile à ceux qui possédaient du superflu, dans certain genre, de découvrir en quelles contrées ils pourraient en faire un échange avantageux contre les objets dont ils se trouvaient dépourvus ; il pouvait se faire d’ailleurs qu’ils ne rencontrassent que dans des localités assez distantes entre elles et à se défaire de tout ce qu’ils avaient de trop, et à se pourvoir de tout ce qui leur manquait ; ce qui aurait nécessité des déplacemens continuels, extrêmement pénibles, surtout lorsqu’il aurait fallu traverser des contrées tout à fait désertes, n’offrant aucune ressource pour la subsistance des voyageurs ni aucune garantie pour leur sûreté. Ce qu’on trouva de mieux pour atténuer ces divers inconvéniens fût de convenir de certains lieux où, à des époques déterminées, on se rendrait de toutes parts pour y consommer toutes sortes d’échanges. Telle est l’origine, très-naturelle, de ces grandes foires, de tous temps si célèbres dans l’Orient, et dont l’institution, entre autres avantages, procurait à ceux qui les fréquentaient, la faculté de voyager en troupe, et consé-

  1. C’est donc, en général, entendre mal ses intérêts que de vouloir forcer le sol pour en tirer des produits qui ne lui sont pas propres, et qu’on obtiendrait avec avantage en échange des choses qu’il est naturellement disposé à produire en abondance.