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ne manqueront pas de songer. C’est ainsi que le commerce, les rendant nécessaires les uns aux autres, en même temps qu’il répandra un bien-être général, établira entre elles un contact journalier, des relations de bon voisinage qui embelliront leur existence morale, en leur faisant goûter le charme de la sociabilité. Heureux si l’exigence des forts et l’astuce des faibles, ne vient pas bientôt troubler cette précieuse harmonie, et faire sentir impérieusement à tous le besoin d’une force réprimante[1].

Ce que sont entre elles des familles voisines, les nations le sont plus en grand ; mais, avec cette différence notable que ce qui peut fort bien n’être que pure convenance pour celles-là devient souvent nécessité rigoureuse pour celles-ci, placées comme elles le sont sur des territoires très-divers, dont la variété doit entraîner forcément celle de leurs occupations. Parmi les diverses contrées habitées de notre globe, il en est, en effet, qui ne sont propres seulement qu’au labourage ou au pâturage, d’autres à la culture de la vigne, de l’olivier ou du mûrier ; là ce sont d’immenses forêts, séjour d’animaux que la chasse fait tomber au pouvoir de l’homme ; ici ce sont des lacs et des étangs qui ne sauraient lui permettre que l’exercice de la pêche ; ailleurs c’est un sol rebelle à tous les genres de cultures, mais duquel on peut extraire des minéraux plus ou moins précieux. Il est enfin des populations nombreuses disséminées sur un territoire absolument improductif, et alors, ou bien elles se répandent sur les autres territoires pour y échanger leur travail contre les choses nécessaires à leur subsistance, ou bien elles appliquent, leur industrie, sans se déplacer, aux produits bruts des contrées voisines qu’elles

  1. Je ne parle ici que d’échange d’objets matériels, afin de ne pas compliquer la question ; mais on sent assez qu’on peut aussi échanger des services contre des denrées, ou même des services contre d’autres services d’une nature différente.