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de la chaleur, il forme, à-dire vrai, un mémoire à part, que je n’ai pas dû transcrire ici[1].

  1. Je crois devoir m’excuser, vis-à-vis du lecteur, de lui livrer un mémoire aussi maussadement, je puis même dire, aussi inintelligiblement rédigé. Mais, au moment où je comptais m’occuper paisiblement de préparer ma livraison, il me fallut, à mon très-grand regret, prendre les rênes d’une administration qui, fort pénible dans tous les temps, surtout des le début, le devenait beaucoup plus encore par l’effet des circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. Par suite d’un déménagement auquel il m’était impossible de présider, mes papiers se trouvèrent enfouis sous des monceaux de livres que je n’avais pas le temps de remuer. Ce mémoire se présenta à moi, je crus trouver dans le double titre d’ingénieur et d’ancien élève de l’école polytechnique une garantie suffisante du talent de rédaction de l’auteur, et j’envoyai de suite l’ouvrage à l’impression. L’auteur m’a bien transmis postérieurement quelques corrections, mais, outre qu’elles n’auraient pas sensiblement amélioré le mémoire, il était imprimé quand elles me sont parvenues.

    Je ne prétends contester aucunement la capacité mathématique de M. Liouville ; mais à quoi sert cette capacité, si elle n’est accompagnée de l’art de disposer, de l’art de se faire lire, entendre et goûter. Malheureusement il n’est aujourd’hui que trop de jeunes gens, de beaucoup de mérite d’ailleurs, qui regardent comme un accessoire presque indifférent ce que je regarde moi comme le mérite essentiel, le mérite par excellence, au défaut duquel tout le reste c’est absolument rien.

    Je désire bien vivement que M. Liouville se venge prochainement des reproches un peu sévères peut-être que, bien à regret, sans doute, je me trouve contraint de lui adresser aujourd’hui, en publiant quelque mémoire que l’on puisse lire à peu près comme on lit un roman ; mais la vérité est que je le désire beaucoup plus que je ne l’espère. Une longue expérience m’a prouvé le mal dont il est atteint est un mal à peu près incurable.

    J. D. G.