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mettre d’avoir toujours l’esprit convenablement disposé au moment même où nous avons besoin de résoudre un problème, le plus grand service que puissent nous rendre les sciences est de nous faire devenir machines par rapport à la plupart des objets dont nous avons à nous occuper ; d’autant que, comme l’a dit un écrivain philosophe, les machines ont sur l’intelligence le précieux avantage de n’éprouver ni distraction ni lassitude.

M. Lhuilier observe, avec beaucoup de raison, que ce n’est point savoir la science que de savoir simplement démontrer et résoudre les théorèmes et les problèmes qui se trouvent traités dans l’auteur qu’on a étudié, et qu’il est nécessaire que les jeunes gens s’exercent ensuite à aller d’eux-mêmes. C’est pourtant une chose tout-à-fait négligée dans la plupart des écoles publiques, et dont même on ne s’occupait nulle part il y a moins de quarante ans. Cela tient à ce que le plus souvent on confie l’enseignement à des hommes qui ont tout juste le degré d’intelligence nécessaire pour comprendre les auteurs qu’ils enseignent. Ce fâcheux état de choses ne pourra aller, au surplus, qu’en empirant, tant qu’on ne travaillera pas à former d’habiles professeurs ; et on en trouvera peu de tels à former aussi long-temps qu’on n’environnera pas les fonctions de l’enseignement d’une considération qui y attire des hommes capables et les dédommage des avantages qu’ils pourraient obtenir dans les autres carrières de la vie civile.

Lyon, le 17 mai 1824.

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