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sent parrallèles, il faut tout bonnement qu’elles le soient en effet.

Je vais plus loin, Monsieur, et j’appréhende fort que quelques raisonneurs obstinés ne prétendent que, puisque des couleurs appliquées, avec tant soit peu d’art, tout à plat sur une toile, suffisent pour nous faire éprouver le sentiment du relief ; il se pourrait, en toute rigueur, que l’auteur de la nature n’eut pas mis plus de finesse dans l’organisation de l’œil, et qu’une peinture faite tout à plat sur la rétine fut également suffisante pour nous avertir de la présence des corps extérieurs, et pour nous en faire connaître les formes réelles ; Voilà donc des gens qui pourront bien ne faire qu’un cas fort médiocre de la nouvelle théorie de la vision, présentée l’an dernier à l’Académie de médecine par M. Lehot ; je ne vois pas même trop comment l’auteur pourra les ramener à son opinion ; de sorte qu’il se trouvera contraint, comme l’auteur de la Philosophie générale, d’en appeler à la postérité.

Quant à son principe mathématique sur la grandeur apparente des objets, c’est une toute autre affaire ; et, attendu qu’il est bien connu qu’en toutes choses expérience passe science, je conseillerai à M. Lehot, afin de convaincre les plus incrédules, de faire planter une avenue d’arbres conformément à son principe, et d’appeler le public comme juge entre lui et ses adversaires. Il ne s’agit, en effet, que de planter ces arbres suivant la courbe dont l’équation serait

et suivant une autre courbe qui serait symétrique avec elle, par rapport à l’axe des , et de se placer à l’origine des coordonnées. Cette courbe n’est autre chose que celle de la figure 12 du Mémoire de M. Vincent déjà cité.

Agréez, etc.

Lyon, le 15 mars 1825.