Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1824-1825, Tome 15.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ainsi, il demeure décidé par M. Lehot qu’il y a toujours une distance de l’œil à laquelle la grandeur apparente de chaque objet est maximum, de telle sorte qu’en partant de cette distance, soit qu’on l’approche soit qu’on l’éloigné du spectateur, sa grandeur apparente diminue également ; mais que, tandis qu’il faut l’éloigner à l’infini pour que sa grandeur apparente devienne nulle, il ne le faut rapprocher de l’œil, au contraire, que d’une quantité médiocre, pour obtenir le même résultat ; qu’en le rapprochant un peu plus de l’œil, il reparaît et grandit sans cesse, mais sous un aspect renversé, jusqu’à ce qu’enfin il soit tout à fait appliqué contre l’œil, auquel cas son image est infini.

Quelque piquans que soient ces résultats, j’ai grand’peur, Monsieur, qu’ils n’obtiennent pas une faveur générale, et que beaucoup de gens ne s’obstinent à penser que les jugemens que nous portons sur la grandeur des objets éloignés, se composant à la fois et de l’angle sous lequel ils s’offrent à nous, indépendamment de notre volonté, et de l’opinion souvent erronée que nous nous formons sur l’intervalle qui nous en sépare ; et qu’une multitude de circonstances accidentelles pouvant faire varier le dernier de ces élémens, en plus ou en moins, c’est perdre tout à fait son temps et ses peines que de chercher ici une loi mathématique.

Ces gens-là continueront donc à croire que, par exemple, si le peuple se figure le soleil et la lune à peu près de même grandeur, c’est qu’il voit ces deux astres à peu près sous le même angle, et qu’il les croit fixés à la même voûte ; et que si la lune leur paraît à eux-mêmes d’une grandeur démesurée à l’horizon, bien que pourtant elle soit vue là sous un plus petit angle qu’en tout autre point de son cours, c’est que, par l’effet de diverses causes, faciles à décrire, il s’exagère alors l’intervalle qui les en sépare. Qui sait même si, trop dominé par l’ascendant des préjugés mathématiques, vous ne persisterez pas vous-même, Monsieur, à penser, comme vous le faisiez en 1807, que du moins dans les circonstances les plus ordinaires, pour que les deux rangées d’arbres d’une avenue parais-