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volumineux, et conséquemment très-chers pour la plupart ; et ce n’est pas là, pour le dire en passant, un des moindres inconvénient attachées à l’étude des mathématiques.

On prétend que Lagrange, considérant les immenses progrès des sciences mathématiques, pensait « qu’on ne pouvait guère, à l’avenir, attendre de grands et véritables succès dans cette branche de nos connaissances que de la part de ceux à qui le défaut de fortune et de l’existence qu’elle procure dans le monde servirait comme d’un aiguillon constant qui leur ferait surmonter tous les obstacles. Il ne pensait pas que, sans un motif aussi pressant, on pût apporter aux travaux préalables, devenus si longs et si pénibles, toute la suite et toute la ténacité qu’ils exigent, quand on veut aller beaucoup plus loin. »

Si tel est, en effet, comme on n’en saurait d’ailleurs douter, l’avenir réservé aux sciences mathématiques ; et si, d’après l’opinion du grand et profond géomètre que je viens de citer, elles ne peuvent désormais attendre de nouveaux progrès que de ceux-là seuls que la fortune n’a pas favorisés de ces dons, ne doit-on pas craindre de les voir bientôt tout-à-fait stationnaires, car, comment concilier le défaut de fortune avec la dépense que nécessite l’acquisition des nombreux et volumineux ouvrages que ceux qui cultivent ces sciences sont contraints d’avoir sans cesse sous la main ? et, pour ne pas sortir du sujet qui nous occupe, combien de mémoires, de recueils et d’ouvrages particuliers ne doit-il pas consulter, pour se mettre bien au courant de tout ce qui a été découvert dans la seule géométrie pure ? et encore l’intelligence de ces ouvrages exigera-t-elle souvent des connaissances préliminaires qu’il faudra puiser dans d’autres. Nouvelle source d’embarras, nouveaux obstacles qui ont peut-être arrêté plus d’une fois et détourné pour jamais de l’étude de la géométrie des jeunes-gens nés d’ailleurs avec les dispositions les plus propres à en reculer les limites.

Frappé des nombreux inconvéniens qui résultent de l’excessive disproportion qui existe actuellement entre les connaissances acquises