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DES SCIENCES.

faire une application spéciale à la langue des sciences exactes ; et tel est le cadre que je me suis tracé pour l’essai que l’on va lire. Je sens fort bien qu’un tel cadre ne saurait être dignement rempli que par un esprit très-supérieur ; et je dois à l’avance prier le lecteur d’excuser la témérité d’une entreprise que l’exécution sera sans doute fort loin de justifier ; mais, pourvu que, dans ce qu’on l’a lire, il se trouve, ça et là, quelques vues dont on puisse tirer un utile parti, ou qui en puisse faire naître de plus saines ; je dirai plus, pourvu seulement que ceci puisse éveiller l’attention des géomètres philosophes sur un sujet que je ne saurais me refuser à croire d’une haute importance, je n’aurai pas tout-à-fait perdu mes soins ; et la critique même, quelque amère qu’elle puisse être d’ailleurs, en me prouvant qu’on n’a pas dédaigné de réfléchir sur ce sujet, ne pourra m’être que très-agréable.

Je m’empresse, au surplus, de déclarer, avant d’entrer en matière, que je suis loin de considérer comme possibles ou nécessaires, ou même seulement comme très-désirables, la plupart des innovations que je hasarderai de proposer. Je ne pense pas que beaucoup de personnes soient disposées aujourd’hui, ni même à quelque époque que ce soit, à refaire de toutes pièces la langue d’aucune science ; mais je pense en même temps qu’en toutes choses, sans se flatter de parvenir jamais à la perfection absolue, il faut néanmoins l’avoir toujours devant les yeux, comme une limite vers laquelle on doit tendre sans cesse. Je pourrais toutefois ajouter qu’à diverses époques les hommes se sont prêtés à recevoir des systèmes entiers de notations tout-à-fait nouvelles, soit pour exprimer un ensemble d’idées auxquelles, jusque-là, on n’avait encore affecté aucun signe, soit même pour remplacer d’autres systèmes de notations trouvés enfin trop défectueux. Je pourrais observer que, sans l’heureuse témérité de quelques hommes et la docile complaisance de tous les autres, nous n’aurions encore aujourd’hui ni notre écriture alphabétique, ni nos notations musicales, ni notre système arithmétique, ni notre calcul algébrique ; inventions qui toutes, à