Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1818-1819, Tome 9.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
35
DE LA DÉFINITION.

toujours se plier aux usages établis, lors même que ces usages ne peuvent être justifiés aux yeux de la raison.

Nous n’ajouterons plus qu’une réflexion : c’est que, comme on ne peut avancer dans la recherche de la vérité qu’en créant des mots nouveaux, à mesure que de nouvelles combinaisons d’idées viennent s’offrir à la pensée, il est nécessaire, pour que les sciences ne demeurent pas stationnaires, d’en rendre sans cesse la langue de plus en plus riche. Cette remarque s’applique principalement aux sciences exactes que nous avons sur-tout en vue ici. En parcourant leur histoire on a bientôt lieu de s’apercevoir, en effet, que les symboles et les locutions qui y ont été successivement introduits n’ont guère moins contribué à leur avancement que les méditations des hommes de génie qui se sont dévoués à leur culture[1] ; et rien ne paraît plus propre à mettre en évidence la toute-puissante influence des signes sur les idées. On peut donc prévoir que ceux qui sont destinés à en reculer de nouveau les limites, ne parviendront sûrement à leur but qu’autant qu’ils continueront d’user à cet égard de la liberté la plus entière.


Séparateur
  1. Que ne devons-nous pas, par exemple, à l’usage du mot fonction, pris dans le sens que les géomètres y attachent aujourd’hui ?