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THÉORIE

les définitions dans la classe des principes, et il se fonde sur ce que ce sont les sensations et non les définitions, qui sont les principes de toutes nos connaissances ; mais, c’est ici évidemment une très-mauvaise chicane ; il en est, en effet, du mot principe comme de tant d’autres qui sont pris tantôt sous une acception et tantôt sous une autre. Il est bien vrai que le mot principe, pris dans le sens le plus étroit, veut dire, commencement, source, origine ; et, sous ce point de vue, nous accorderons, tant qu’on voudra, que nos sensations sont le principe commun de toutes nos connaissances ; mais on se sert aussi très-fréquemment du même mot pour désigner une maxime certaine sur laquelle on peut s’appuyer en toute confiance, et qu’on peut prendre pour base dans ses recherches ; et c’est ainsi qu’on donne souvent le nom de principe à une proposition qui résulte elle-même d’un grand nombre d’autres. Cette dernière acception du mot principe n’est pas, au surplus, aussi étrangère à la première qu’on pourrait être d’abord porté à le croire. On voit, en effet, que, si éloignée que soit une proposition des notions premières d’où elle tire son origine, elle peut, dès-lors qu’elle est vraie, donner naissance à un grand nombre de conséquences, dont elle devient, à son tour, la source et l’origine commune, c’est-à-dire, le principe ; et c’est ainsi que, dans la nature, tout est, tour à tour, effet et cause.

Lors donc qu’on dit que les définitions sont des principes, on veut seulement faire entendre par là que, ne pouvant être refusées, elles doivent être employées dans le raisonnement, comme autant de propositions incontestables ; et cette assertion ne présente rien qui ne soit d’une parfaite exactitude. On pourrait encore dire, au surplus, que les définitions sont des principes, en ce sens, qu’avant de parcourir la série des propositions dont une science se compose, il est nécessaire de s’enquérir d’abord soigneusement de la signification des termes dans lesquels ces propositions sont énoncées.

On voit qu’ici nous regardons les définitions comme tout-à-fait libres et arbitraires ; car ce n’est qu’en les considérant ainsi qu’on