Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1818-1819, Tome 9.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
DE LA DÉFINITION.

quarré construit sur cette dernière droite sera équivalent au rectangle construit sur les deux parties qu’elle détermine sur la première. Voilà, certes, déjà une proposition d’une passable longueur ; mais, qu’on essaie d’en faire disparaître encore les mots angle, quarré, rectangle, équivalent, et l’on verra qu’il deviendra tout-à-fait impossible, non seulement de la comprendre, mais même de l’énoncer nettement ; et cependant il ne s’agit ici que d’une proposition tout-à-fait élémentaire ; que serait-ce donc s’il était question de quelque théorème de mécanique, tel, par exemple, que celui des vitesses virtuelles ou de la conservation des forces vives.

C’est donc bien à tort que l’on reproche aux savans de ne point parler la langue vulgaire, et d’en créer une exclusivement destinée à leur usage ; c’est au fond leur reprocher de s’occuper d’autres objets que ceux dont s’occupe le vulgaire, ou d’envisager les objets sous d’autres rapports. Ce n’est point volontairement, c’est tout-à-fait par contrainte qu’ils créent des mots nouveaux, à mesure qu’ils pénètrent plus avant dans leurs recherches ; peut-être même pourrait-on leur reprocher, au contraire, de ne pas user assez largement de cette faculté ; il y a apparence qu’alors beaucoup de parties des sciences deviendraient d’une étude plus facile ; précisément parce que les propositions dont ces parties se composent deviendraient d’un énoncé plus brief[1].

C’est en imitant exactement ce que font les algébristes lorsqu’ils calculent que l’on pourra parvenir à éluder cet inconvénient des longues phrases. À mesure qu’ils s’aperçoivent que leurs résultats se compliquent, ils ont soin de désigner par un caractère unique

  1. C’est, par exemple, une chose tout-à-fait inconvenante qu’on n’ait pas encore de nom pour désigner et la droite qui divise un angle en deux parties égales et la perpendiculaire sur le milieu d’une droite. Le mot projection peut aussi rendre plus courtes, et conséquemment plus claires, beaucoup de propositions de géométrie ; et cependant il n’y a guère que M. Francœur qui ait songé jusqu’ici à l’introduire dans les élémens.