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CIRCULATION

vitesse du vaisseau augmentera, jusqu’à ce que le poids du prisme d’air qui exprime le choc du vent sur les voiles soit égal à la résistance du prisme d’eau qui exprime celle de la partie antérieure du navire. Dès lors il n’y aura plus d’accélération ; le vaisseau sera mû d’un mouvement uniforme, avec une vitesse égale et constante. Quelle sera cette vitesse ? Ce sera celle qui rend l’impulsion du vent sur les voiles égale au choc de l’eau sur la partie antérieure du vaisseau. Il y aura une équation du premier degré à résoudre pour trouver la valeur de l’inconnue ; mais jamais il n’est venu dans la tête de personne de prétendre que le vaisseau restera immobile sur la surface de l’eau, uniquement parce que l’impulsion du vent sur les voiles est devenue égale au choc de l’eau sur la proue.

8. Le même vaisseau est encore muni de rames : on demande sa vitesse, après qu’il sera parvenu à l’état d’uniformité ? Dans les premiers instans, le mouvement sera uniformément accéléré, à cause de l’impulsion, toujours persistante, du vent sur les voiles ; mais bientôt cet état de choses changera. D’un côté, à mesure que le vaisseau avance, il échappe en partie à l’action du vent, laquelle par conséquent devient une fonction de la vitesse même du vaisseau. D’un autre côté, la résistance de l’eau sur la surface antérieure retarde le mouvement du navire, et son action sur la surface des rames l’accélérera. Reste donc à savoir quelle doit être la vitesse du vaisseau, pour que le choc du vent sur les voiles soit égal à la insistance de l’eau sur la partie antérieure, moins son action sur la surface des rames ; et ce sera là l’inconnue du problème. Le vaisseau sera mû ainsi d’un mouvement uniforme ; et personne ne s’est jamais avisé de dire que ce soit là une raison, pour le maintenir dans une immobilité parfaite sur la surface de la mer.

9. En général, nous pouvons affirmer que, dans la multiplicité des causes qui s’opposent à la conservation du mouvement, il n’est et il ne peut exister aucun exemple d’un mouvement rigoureusement uniforme, à moins qu’il ne soit produit par cette égalité constante