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DIALECTIQUE
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§. I.
Des idées et de leur étendue.

1. Avoir l’idée d’une chose, c’est en être simplement affecté, soit par l’effet de sa présence effective, soit par le souvenir qu’on en a, soit enfin par un acte de l’imagination. C’est ainsi que j’ai actuellement l’idée de la plume qui trace ces lignes, celle de la ville de Berlin, celle du cheval Pégaze.

2. Les idées sont dites individuelles ou particulières, lorsque, comme dans ces exemples, elles ne se rapportent qu’à des individus. Elles sont dites, au contraire, générales ou universelles, lorsqu’elles conviennent, à la fois, à plusieurs objets ; et telles sont, par exemple, les idées de plume, de ville et de cheval. Ces dernières sont aussi appelées abstraites, parce que nous les formons en négligeant les différences entre les objets auxquels elles se rapportent, pour ne les envisager uniquement que sous le rapport de ce qu’ils ont de commun.

3. De même que la considération des caractères communs à plusieurs individus donne naissance à une idée abstraites, la considération des caractères communs à plusieurs idées abstraites en fait naître de plus abstraites, lesquelles peuvent, à leur tour, donner naissance à d’autres qui le soient davantage encore, et ainsi indéfiniment. C’est par une suite de pareilles opérations que, par exemple, nous nous élevons progressivement aux notions abstraites de cerisier, d’arbre, de végétal, de corps et d’être.

4. Dans cette progression de notions abstraites, les plus générales sont dites contenir celles qui le sont moins, lesquelles, à l’inverse, sont dites contenues dans les premières ; c’est de là que naît la notion de l’étendue relative de deux idées. Une idée ne peut donc être dite plus étendue qu’une autre qu’autant que cette dernière fait partie de la première. C’est, par exemple, dans ce sens que l’on