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INTRODUCTION

ductions. En composant, au contraire, notre recueil de mémoires inédits, sur les diverses branches des mathématiques, nous en formons un corps d’ouvrage d’un intérêt durable, et qui pourra être utilement consulté dans tous les temps.

Il est néanmoins certains écrits qui semblent réclamer de nous une exception : ce sont ceux qui, par la nouveauté des vues qu’ils présentent, tendent à produire quelque révolution dans les sciences exactes ; et telle est, en particulier, l’Introduction à la philosophie des mathématiques, par M. de Wronski : aussi, avant même que l’ouvrage eût paru, avions-nous déjà conçu le dessein d’en présenter l’analise dans ce recueil ; mais un coup d’oeil jeté rapidement sur cette production vraiment originale, tout en nous montrant l’utilité, nous pourrions presque dire l’indispensable nécessité du travail que nous avions projeté, nous a presque ôté le courage de l’entreprendre.

Nous ne sommes point, en effet, initiés dans la doctrine du Transcendantalisme ; nous en ignorons jusqu’aux premiers élémens, et la langue même qu’il lui a plu de se créer nous est tout à fait étrangère. Cependant, une connaissance parfaite de cette nouvelle scolastique, semble être une condition presque indispensable pour bien saisir les idées de M. de Wronski. On peut en juger par le début de son livre qui, bien qu’il n’en soit pas l’endroit le moins intelligible, paraîtra sans doute aussi obscur à la plupart de nos lecteurs, qu’il nous l’a paru à nous-mêmes ; le voici :

« Le monde physique présente, dans la causalité non intelligente, dans la nature, deux objets distincts : l’un, qui est la forme, la manière d’être ; l’autre qui est le contenu, l’essence même de l’action physique.

» La déduction de cette dualité de la nature, appartient à la philosophie : nous nous contenterons ici d’en indiquer l’origine transcendantale. – Elle consiste dans la dualité des lois de notre savoir, et nommément dans la diversité qui se trouve entre les lois transcendantales de la sensibilité (de la réceptivité de notre savoir), et les lois transcendantales de l’entendement (de la spontanéité ou de l’activité de