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marchant d’un pas alerte vers Sauzon, nous devisons un peu âprement sur cette vente du fort et des terrains des Poulains qui les a claquemurés, pour ainsi dire ; ils étaient si beaux, si fiers, ces rochers dans leur sévère solitude !

Nous retrouvons enfin la côte et la charmante plage de Deuborh. Toute la falaise est tapissée de geranium sanguineum aux larges corolles d’un violet rougeâtre. Des marjolaines et des immortelles d’or s’y trouvent aussi, dégageant leur frais parfum dès qu’on les effleure.

De beaux rochers, dont un troué, se dressent toujours dans la mer, qu’aucun souffle ne ride. La chaleur est grande sans la brise rafraichissante, et nous avons vraiment hâte d’arriver à Sauzon.

Voici le port Puss, où aboutit le câble télégraphique de Quiberon ; puis, la pointe du Cardinal, avec son fort déclassé.

De belles moissons ondulent tout près de la mer ; on y coupe déjà les avoines.

Belle perspective sur les Poulains, le port de Sauzon et la pointe de Taillefer, qui s’estompe à l’horizon. En face, la presqu’île de Quiberon, dont les maisons se détachent très bien sur ce ciel pur. À droite, la blanche tourelle de la Teignouse.

Nous passons devant une usine ; des femmes tricotent sous les tamaris, en attendant la rentrée des barques qui leur apporteront la sardine tant désirée. Certaines chantent une lente mélopée aux paroles naïves, à l’air berceur. Presque toutes portent le grand capot de coton blanc aux minuscules fleurs mauves des environs de Pontivy.

Le bourg de Sauzon est coquet avec son môle à la blanche tourelle, son beau port naturel où se pressent