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abruptes, d’un aspect grisâtre sous le radieux soleil qui les éclaire.

Nous arrivons aux masses rocheuses, plus splendides encore, des Poulains ; mais nous ne pouvons suivre la côte jusqu’à la presqu’île où se dresse le petit phare au feu protecteur. Des poteaux ont été plantés à l’extrême bord de la falaise, et des fils de fer aux pointes épineuses s’y déroulent, comme pour saisir au passage l’audacieux qui voudrait tenter de passer outre.

Il ne le pourrait pas sans risques. Nous le répétons, on n’a même pas laissé ce qu’on appelle le sentier douanier sur cette partie de la côte. Et, déçus, nous prenons à travers champs pour atteindre les Poulains.

Pour retrouver la solitude complète, avec la beauté. sauvage des rochers et des falaises, il nous faut aller vers la pointe du phare. De longues murailles, des fils de fer entourent tout le domaine de Mme Sarah Bernhardt, et c’est en vain que nous cherchons à voir le Sphinx ; il est trop bien caché par ces murs de prison.

Le Grand Lion se dresse encore heureusement dans une mer libre, où il secoue fièrement sa lourde crinière tout emmêlée d’écume.

Le panorama est très beau de ce point. C’est une enfilade de rocs tourmentés qui ont encore les aspects les plus divers : aiguilles géantes, pyramides, animaux phéhistoriques.

Le bain nous attire sur une petite plage aux jolis cailloux aussi ronds, aussi blancs que des dragées. Nous prenons ensuite un léger repas à l’ombre d’une falaise.

Après une visite au phare, d’où l’on jouit d’une vue ravissante sur la mer et la campagne, nous regagnons la grand’route, une seconde propriété achevant de barrer ce que la grande tragédienne a laissé libre. Et, tout en