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ormeaux ! Car, quoi qu’on en dise, Belle-Isle n’est pas dénuée d’arbres. Outre les bois du Génie et ceux de la campagne Trochu, toutes les vallées ont leurs bordures de saules, où les frênes et les peupliers pointent çà et là, et les tamaris inclinent à tous vents leurs branches finement feuillues.

Mais que sont devenus les crépis aux fleurs d’or ? Le sol qui en était jonché hier est terne maintenant sans ces étoiles terrestres. Ont-elles fait comme les mouettes une trop longue veillée pour ouvrir si tard leurs délicats pétales ?

La mer étincelle et se frise sous la folle brise marine ; elle n’a pas quitté son azur changeant et tout nous promet une belle journée pour la fin de notre voyage.

Un dernier regard à tous ces rocs si beaux sous la pleine lumière d’un soleil éclatant, et nous reprenons le harnois du voyageur pour continuer notre route vers les Poulains, qui seront notre première étape : il est huit heures et demie.

Les goëlands, enfin réveillés, accompagnent notre départ de leurs cris discordants et de leurs battements d’ailes. Les crépis ont aussi ouvert leurs yeux d’or. Tout semble nous fêter sur cette pointe sauvage que nous regrettons de quitter.

Plus d’ajoncs ni de bruyères, seules quelques touffes d’aroches aux feuilles pâles accompagnent les gais crépis.

Une petite crique abrite une gentille plage ; la cabine de bain qui s’y cache nous indique qu’elle sert aux touristes résidant à l’hôtels. La descente est pittoresque, mais quel interminable escalier y conduit !

Nous voici sur l’immense esplanade appelée Camp de César. Ces fortifications auraient été élevées par les sol-