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gineux que nous préférons prendre le chemin du petit val qui s’étend, verdoyant, au milieu de cette aridité. Un pré en pente où paissent des moutons qui, à notre vue, se pressent, peureux, les uns contre les autres, nous conduit sur la hauteur où nous attend un ours. monstrueux, avec sa patte levée comme pour nous menacer.

Au loin se dessine le sémaphore de Er-Hastellic. Mais combien de criques encore à contourner avant d’y arriver ! Seulement, ici, les vallées sont peu nombreuses, les coteaux qui les séparent moins élevés que ceux de la côte de Locmaria.

Dans l’une de ces nombreuses anfractuosités, nous remarquons une belle grotte, dont un concierge acerbe, au prétentieux bonnet grec, garde l’entrée.

Les gardiens du sémaphore apaisent obligeamment notre soif, et nous nous reposons un instant dans leur gentille maison, où un mignon bébé jette le rayon de ses yeux bruns et la musique de son rire.

Du sémaphore à l’Apothicairerie, ce sont encore des criques aux merveilleux rochers, jusqu’à l’immense îlot situé en face de l’Hôtellerie, où se pressent les mouettes et les goëlands.

De jolies touffes de jasiones blanches se voient entre les herbes, alternant avec de minuscules bruyères roses. Il est six heures quand nous arrivons au gîte.

Nous nous débarrassons enfin de nos encombrants paquets et nous descendons à la grotte, cette beauté de l’île que l’on peut bien appeler la Merveille.

Comment la dépeindre ! Ni la description, ni le pinceau, ni l’appareil photographique ne rendront cette splendeur des arcades, cette élévation des voûtes, cette profondeur de l’eau qui se teinte d’azur et d’émeraude