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aujourd’hui elle est bienveillante pour tous ces blocs épars.

Il ne faut pas nous attarder si nous voulons arriver à l’Apothicairerie avant la nuit, il nous reste un vaste champ à parcourir.

Nous gravissons la côte assez escarpée de Donnant et nous gagnons le port Cheul, sûr abri où des barques se reposent.

Entre ce port et le port Puce, un plateau élevé domine l’immensité. Quelle splendide perspective ! Et devant soi l’infini pas une terre en vue !

Le sol se dérobe sous une teinte d’un lilas rosé du plus délicieux effet. Quelle est donc cette fleur qui nous donne cette douce impression de couleur ? C’est encore le statice dodartii. Il se mêle à la petite centaurée rose.

Les falaises sont argileuses, désagrégées par place ; les sentiers y sont encore à pic sur l’abîme, et c’est en frissonnant que je m’y aventure. Le plateau se dénude ; quelques maigres ajoncs parsemés de bruyères roses très rares, comme fauchées par le vent, s’y voient seuls.

Certaines criques sont traversées de cordes pour attacher les bateaux qui s’y abritent parfois.

Ah ! ces rocs aigus, ils semblent autant de becs d’aigles qui voudraient vous crever les yeux ! Et, d’effroi, je ferme les miens. Mais je les retrouve encore au tournant de la falaise, tous ces aigles aux becs féroces.

Le port de Borderune me les fait oublier. Son entrée est vaste et limitée par un mur de défense. Des rochers grisâtres, fendillés, troués de grottes profondes, l’entourent.

Toujours des profils de monstres aux attitudes chimériques.

Les sentiers tracés dans la falaise sont tellement verti-