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Une vieille batterie se dresse dominant la baie splendide de Donnant. À côté, une cabane de peintre est solidement attachée par de grosses cordes fixées à des crampons de fer, afin de résister aux vents redoutables du large.

Il est bien fait pour tenter un peintre, le panorama qui se déroule à nos yeux extasiés ! Donnant est la plage la plus vaste de l’île ; c’est sur son sable vieil or qu’il gronde, sans paix ni trêve, le grand Océan aux vagues folles, et avec un tel vacarme que cent canons tonnant à la fois ne l’égaleraient pas. On l’entend rugir du Palais les soirs d’orage, et dix kilomètres environ l’en séparent.

De véritables rues de rochers sillonnent cette grève, avec leurs monuments bizarres et grandioses. La plupart sont à cette heure au milieu de l’eau, mais quand la mer. a fui au loin, ils se dressent, superbes et fantastiques, comme les vestiges d’une cité de géants subitement rendue à la lumière. Lorsque la lune y promène sa clarté blonde, l’illusion est complète. Et rien ne peut égaler le spectacle de Donnant pendant une tempête, alors que tous ses rochers disparaissent sous l’écume, si ce n’est cette même grève, vue à marée basse dans une accalmie, éclairée par l’astre des nuits.

Des dunes immenses et fleuries s’y succèdent avec leurs gracieux vallons et leurs plantes rares, parmi lesquelles l’ophrys aranifera. On y trouve aussi en abondance la morchella esculenta, ou morille, ce délicieux champignon du printemps.

C’est dans une des vastes grottes du port que nous prenons notre déjeuner, sur une grande roche plate et noire qui nous offre une table digne de cette royale salle à manger. La mer s’agite autour de nous, mais