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À mon exclamation angoissante, mon mari, qui prenait des notes en face des îles, accourut vers moi, et fut, lui aussi, terrifié par le danger couru.

Après quelques instants de repos, je recouvrai ma quiétude et mon assurance.

Les moutons s’affolent toujours à notre approche. En voici qui cassent, pour nous fuir, la corde qui les attache ; puis ils s’arrêtent, épuisés, et se groupent, attendant, anxieux, avec des bêlements plaintifs. Seule, une mignonne chèvre blanche reste calme, et nous regarde de ses yeux paisibles.

Des crépis tapissent la falaise de leurs étoiles d’or ; ils sont entremêlés de statice et des jolies pętites fleurs rose d’une spergulaire. Il est doux de marcher sur cette herbe rase ainsi fleurie.

Et dès rochers encore, aux teintes fantastiques qui sembleraient étranges sur la toile d’un peintre, et pourtant il les prendrait bien comme ils sont, avec leurs couleurs de rêve, passant du violet au rouge. Et pour les accentuer encore, de lourds fucus d’un ton fauve pendent en festons à leurs bases.

Et toujours, aussi, les mêmes ressemblances. Voici une tête de sanglier, puis un grand singe. Plus loin, c’est un avocat plaidant avec de grands gestes.

Nous descendons vers l’anse de Vazen. Cette jolie plage s’avance assez loin dans la vallée, entre deux hautes murailles rocheuses. Une source murmurante alimente un lavoir. Des paysannes y lavent leur linge à demi enfouies dans de grandes boîtes de bois. Elles nous tendent gracieusement un vase plein d’une eau fraîche et claire dans lequel nous puisons avec un plaisir sans égal. La fatigue de l’excursion est surtout provoquée par la soif.