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domine. Une grotte s’y cache, remarquable par un couloir de cinquante mètres environ, qui conduit à une large excavation. On ne peut la visiter qu’au reflux d’une grande marée.

La baie de Goul’Phar est ravissante sous le soleil, qui s’est enfin débarrassé de ses nuages et fait étinceler toutes les vaguettes soulevées par la brise du matin. Des sentiers multiples, des escaliers aux marches creusées dans le roc sillonnent les coteaux. On voit que le port de Goul’Phar est hospitalier aux barques de pêche. Il s’avance profondément dans les terres, entre des rochers sombres, qui se reflètent dans l’onde limpide.

Une riante villa s’élève sur la colline, face à la mer. Des tamaris, de beaux sapins l’ombragent. Et c’est charmant de voir cette verdure si près de cette côte sauvage.

Ici, les principaux rochers sont en pleine eau, formant une chaîne superbe, aux tons variés, selon que la lumière les frappe. La falaise est fouillée comme un vieux bois sculpté rongé par le temps ; on dirait vraiment parfois, tant elle est mouvementée, une suite de vagues pétrifiées en leur échevèlement.

Une maisonnette se voit sur la dune ; elle abrite la trompe avertisseuse, ou sirène, qui provient du grand phare. Lorsqu’une brume intense empêche la vue de la tour ou de ses rayons, cette sirène émet des sons perçants qui éveillent l’attention des marins.

Quels splendides rochers s’échelonnent encore dans ces parages ! Deux, entre autres, ont des attitudes bien faites pour impressionner. L’un, immense, a un port hautain, immuable comme le destin ; le second paraît le supplier, et il est navrant dans sa pose humiliée. Les autres semblent les contempler, indifférents à leur dédain ou à leur angoisse.