Page:Annales de la société académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 1907.pdf/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215

fraîcheur du matin pour continuer notre route. Le vent souffle plus violemment aujourd’hui, des nuages s’amoncèlent au levant : est-ce un changement de temps ? Je regarde le ciel avec angoisse. Que devenir dans ces déserts si la pluie nous y flagelle !

Mais notre chocolat savouré, nos préparatifs terminés, le ciel veut bien nous sourire encore. Les nuées noires se sont à peu près dissipées, et si le soleil est voilé par moment, il nous montrera le paysage sous un tout autre aspect.

Courageusement, nous revenons sur nos pas, ne voulant laisser inexplorée aucune partie de l’île, et nous nous dirigeons vers le Talus. Un sémaphore domine la mer, avec son grand mât pour les signaux aux navires qui passent.

Cette pointe du Talus est argileuse, éboulée aussi en bien des endroits. Les falaises tombent à pic sur l’Océan, qui se moire de vert sombre sous ce ciel nébuleux.

Les rochers affectent toujours des formes étranges et certains présentent toutes les nuances de l’arc-en-ciel, comme si un peintre géant les eût pris pour palette. De nombreuses mouettes aux ailes blanches, des goëlands gris tourbillonnent autour des récifs avec des cris stridents.

De grandes masses rocheuses se sont séparées violemment de la côte ; elles portent encore sur leur sommet une herbe fine parsemée de crithmum maritimum ou cassepierre.

Le sol est dénudé, pierreux ; seules quelques touffes de statice y jettent la douceur de leurs fleurs d’un lilas rosé.

Un grand cirque de rochers en pleine eau, c’est Domois, avec son Pylor aussi excentrique que celui du Squel. Une magnifique roche percée à triple base les