Page:Annales de la société académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 1907.pdf/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213

Mais pour contourner cette grève, il nous faut suivre un sentier étroit plongeant sur la falaise, assez élevée par endroit. Or, elle est minée sur certains points, cette falaise, et sous les lierres qui le bordent, ce sentier peut nous conduire à l’abîme. Heureusement que je ne me doute pas du danger ; je continue à m’avancer gaîment parmi les marguerites, les troènes, les scabieuses. Je frémis d’effroi lorsque mon mari me fait remarquer de l’autre versant le danger couru.

Une pointe s’avance. Serait-ce celle du Talus qui, avec Goul’Phar, doit limiter notre excursion du jour ? Nous interrogeons un vieux paysan couché sur la mousse, et sa réponse nous décourage. Ce rocher avancé est celui de Bornord ; il nous faudrait encore deux heures de marche pour atteindre Kervilaouen par la côte.

Nous nous décidons à prendre à travers champs, nous réservant de revenir sur nos pas, demain, dès l’aube. En passant nous admirons une roche représentant une belle tête pensive que nous nommons Dante.

Nous sommes exténués, et c’est avec un plaisir infini que nous nous asseyons un moment chez une brave femme d’un village voisin, en buvant avec non moins de plaisir une tasse de lait au petit goût aigrelet qui nous désaltère complètement.

Une demi-heure nous suffira pour arriver à Kervilaouen par un petit pieton qui court à travers les avoines. et que nous enseigne très aimablement une grande jeune fille à la coiffe de blanche mousseline, au fichu d’un bleu pâle s’ouvrant en cœur sur une guimpe de tulle brodé. Elle est charmante avec ses yeux clairs, d’un vert changeant, et ses cheveux sombres. Du reste, toutes les femmes de l’ile portent très bien ce costume seyant à la coiffure moyenageuse.