Page:Annales de la société académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 1907.pdf/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211

Saint-Marc. Son antre noir nous apparaît de la hauteur ainsi qu’une caverne sans fond.

Nous sommes trop fatigués pour y descendre aujourd’hui. Car je l’ai visitée, cette grotte obscure comme un repaire de sorcière ; j’ai eu la témérité d’opérer cette descente à pic sur l’abîme, de me traîner ensuite sur les genoux dans son tunnel étroit, pour me relever enfin dans la nuit. Un frisson vous secoue. Quel animal immonde vit dans ces ténèbres, attendant une proie ! Une lumière démontre bientôt la folie de cette vision, mais elle a été assez vive pour que l’impression s’en prolonge, même après la sortie de ce lieu hanté par le souvenir du terrible dragon.

C’est un cirque de dunes aux plantes aromatiques qui exhalent tous leurs parfums sous le pied qui les foule, et une mignonne plage nous invitant au bain. Malgré la faim qui nous talonne — il est une heure et demie — nous nous plongeons, avec une jouissance sans égale, dans cette onde cristalline, et nous nous y prélassons sans autre souci.

Le déjeûner est exquis après cet apéritif doublé de cette longue marche, si pénible parfois. Une sieste sur le sable doux nous rend toutes nos forces, et c’est avec une nouvelle ardeur que nous reprenons notre route en traversant le port Herlin. Il est bien charmant, avec sa grotte fraîche d’un abord facile et son ombreuse vallée où ruminent de belles vaches.

Mais notre fatigue a été trop grande, et c’est péniblement que nous gravissons tous ces coteaux qui se succèdent sans trêve.

Des champs de blé et d’avoine se trouvent là encore si près de la falaise qu’il nous faut entrer dans le sillon pour nous écarter un peu de l’abîme.