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angles de pierre ». Je ne comprends les oiseaux que volant en plein ciel.

Nous remontons. Dans la falaise, un moine s’incruste, un livre à la main, encapuchonné comme celui de la légende. Il impressionne.

Le sentier herbu est glissant, mon pied trébuche. Ah ! si j’allais tomber dans cette onde qui s’agite parmi tous ces rocs ! Soutenue par mon compagnon attentif, je recouvre mon assurance.

Une nouvelle frayeur. Un chameau monstrueux est là, croupi ; il semble vouloir boire toute l’eau de la mer. Ce n’est qu’un gigantesque rocher. Mais cet animal qu’il représente paraît tellement vivant, si noir dans cette nappe bleue ! Pierre lui-même a failli s’y tromper.

Enfin, voici la pointe de Pouldon, et nous atteignons bientôt sa jolie grève au sable fin. Sur la mer calme, d’un vert transparent, des barques se balancent mollement ; elles sont peintes des plus vives couleurs, et quand leurs voiles blanches se gonflent sous la brise, elles doivent ressembler à de beaux oiseaux des îles. Des pêcheurs fouillent le sable, sans doute pour y chercher ces vers indispensables à la pêche à la ligne qu’ils pratiquent autant que celle au filet.

Dans une excavation verte et fleurie, une petite source, cachée sous les herbes, coule en un mince filet du grand rocher noir. Nous nous reposons un instant à son ombre fraîche, et nous buvons voluptueusement cette eau pure.

Des falaises et des rocs nombreux se dressent encore. Ah ! toutes ces têtes aux yeux caves, au rictus sarcastique ! C’est l’ossuaire de Palerme, si bien décrit par Gaston Vuillier. J’en détourne mon visage terrifié.

Cet immense rocher, qui a l’attitude d’un mastodonte, indique cette grotte fameuse de la légende : j’ai nommé