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dont on voit la statuette au-dessus de la porte ; son eau est souveraine, paraît-il, contre les maux d’yeux.

Nous arrivons au port Blanc, où s’abrite le bateau de sauvetage. C’est à la suite d’un drame poignant qu’il fut placé.

De valeureux marins trouvèrent la mort en voulant sauver un brick en perdition ; ils étaient tous mariés et laissaient sept veuves et vingt-trois orphelins. Ils moururent sous les yeux de leurs femmes et de leurs enfants, avec la bénédiction du recteur qui, revêtu de son surplis, étendit les bras vers eux pour leur donner l’absolution suprême.

S’ils avaient monté, en effet, une barque solide et insubmersible, ils auraient pu vaincre les vagues affolées.

Le vallon qui se déroule à la suite du port est verdoyant et riche en plantes. Nous n’avons pas le temps de les examiner bien attentivement ; nous constatons la présence du scolymus hispanicus, cette belle épine jaune d’Espagne, dont la racine peut se manger en guise de scorsonère, et de la charmante marjolaine qui nous accompagnera pendant toute notre excursion.

Un sémaphore s’élève sur la pointe d’Arzic ; nous y grimpons par un chemin de chèvre et nous commençons à admirer ces falaises de quarante mètres de haut, ces rochers fantastiques, ces récifs dangereux, en suivant des sentiers aussi étroits parfois qu’un ruban de ceinture. Il faut fermer les yeux quand ils contournent l’abîme de trop près, car les vagues qui assaillent les rocs nous attireraient vers elles comme ces ondines au chant berceur.

Dans la baie du Squel, les rochers, les plus divers s’échelonnent en des poses de cauchemar. C’est le Pylor aux différentes attitudes, tantôt grimaçant, tantôt persifleur ; le gigantesque chameau qui semble crier sa peine