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droite, perché au sommet de la dune, Samzum, village archaïque, aux maisons ambiguës, aux coins moyenageux, dont les vieux murs croûlants retiennent des ormeaux centenaires, sous lesquels croissent en liberté toutes les frêles plantes de la nature. Une fontaine s’abrite sous les arbres, nous y puisons et buvons avec délice son eau cristalline.

Puis c’est La Biche et son fort déclassé, oasis de verdure, réjouissante sur ce point dénudé où les ajoncs mêmes se font rares. C’est pourquoi les paysans y utilisent les fientes d’animaux en guise de combustible.

Une brave femme se livre à cette besogne sur les hauteurs de Kerdonis ; elle y pétrit ce qu’elle nomme des bouses avec des débris de paille et de l’eau. Et sur cette remarque qu’elle ferait mieux d’utiliser ce produit comme fumier et d’acheter du bois ou du charbon :

— Que voulez-vous, répond-elle, la lande manque ici, et nous avons l’habitude de nous servir de bouses pour faire cuire nos aliments. Il faudrait débourser pour acheter du bois.

Il nous aurait fallu trop de temps pour lui faire comprendre que ce fumier perdu lui coûte deux fois le prix d’un autre combustible.

La côte est couverte de maigres chardons rongés par les limaçons ; ils s’y suspendent par grappes. Un câble télégraphique atterrit dans une petite anse.

La marche est difficile sur cette herbe glissante qui tapisse la falaise. Je regrette de n’avoir pas mon alpenstock. Mais j’ai tenu à me préserver des rayons de soleil à l’aide d’une ombrelle qui me protège en même temps du vent assez violent sur ces hauteurs. Si je recommençais un jour mon excursion, je me contenterais d’un canotier simplement entouré d’un voile épais qui le