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du Bugull ; l’une d’elles, aux tons ardoisés, est tout enguirlandée d’asplenium marinum. La principale est une véritable grotte de féerie avec ses rochers marbrés de rouge et de vert.

On entrevoit à travers les moissons jaunissantes les villages aux blanches maisonnettes de Bordardoué, Kervignec, Arno, dont l’agreste vallon, où s’abrite l’osmonde, cette fougère royale, descend à la plage splendide des Grands Sables.

C’est là que nous déjeûnons gaîment, après un bain rafraîchissant dans une eau limpide, à peine ridée par la brise du large.

Cette halte nous ayant reposés, nous pouvons consacrer quelques instants à la science aimable, j’ai nommé la botanique. Cette station est remarquable par les plantes rares qu’on y trouve : diotis candidissima, ophrys apifera, butomus umbellatus, alisma plantago, scilla maritima, sans oublier l’origanum vulgare ou marjolaine, que les pêcheurs insulaires appellent si joliment le pleuric. Ce précieux condiment est employé pour parfumer la cotriade chère aux marins, mélange de poissons cuits à l’eau et fortement poivrés.

Les algues marines foisonnent sur toute cette côte, toutes plus charmantes et plus fines les unes que les autres : les plocamium coccineum et vulgare, d’un rose corail, la padina pavonia aux nuances de vert de gris, les halymenia de tous les tons rouges, les ulva aux teintes vertes, les porphyra d’un violet intense, les laurencia aux riches broderies passant du rose au vert brun.

La vue est superbe de la falaise : Houat et Hoedic, les deux îlettes, se profilent devant nous dans un lointain bleuâtre ; à gauche le Bugull et ses rochers troués ; à