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le jour qu’il y vint voir Rousseau. Je rassemblerai donc ici quelques renseignements précis sur « cette demeure enchantée », où Rousseau passa plusieurs mois mémorables et où fut surprise la petite scène que notre dessin retrace.

L’histoire de la vaste et magnifique propriété qu’occupait au temps de Rousseau le maréchal de Luxembourg, et qui renfermait alors le grand et le petit château, me paraît pouvoir se résumer ainsi^[1]. Le peintre Charles Le Brun, au faîte de la réputation, de la faveur et de la fortune, se constitue, par toute une série d’achats et d’arrangements au cours des années de 1667 à 1676, un assez grand domaine eu bordure du village de Montmorency, du côté de Paris (le morceau principal s’appelait le fief de Thionville et Le Brun en prendra désormais le nom) : après l’avoir débarrassé des anciennes constructions qui s’y trouvaient, il y fait élever^[2], « avec ce goût exquis d’ornements et d’architecture, dit Rousseau, dont ce grand peintre s’était nourri une « maison en réa-

↑ J’ai utilisé, en les confrontant et en les critiquant, les documents suivants d’Argenville, Voyage pittoresque aux environs de Paris, 1749 ; Dulaure, Nouvelle description des environs de Paris, 1786 ; Le Fauve, Le tour de la vallée [de Montmorency], 5^e éd., 1868 ; Guide de Montmorency, sans nom d’auteur ni d’éditeur, 1896 ; A. Rey, J.-J. Rousseau dans la vallée de Montmorency, 1909 ; H. Jouin, Charles Le Brun, in-4°, 1889 ; Portefeuille de Bachaumont, ms. de la Bibl. de l’Arsenal etc…
↑ Houël donne Mansard comme l’auteur du petit château. Mais cette attribution ne me paraît pas fondée. Rousseau, mieux renseigné, dit expressément qu’il fut bâti « sur le dessin » de Le Brun ; et Cartaud, qui le restaura peu d’années après la mort de Le Brun, ne parle que de celui-ci. D’ailleurs ce peintre marquait un goût si vif pour l’architecture et la décoration, où il excellait, qu’il n’avait dû s’en remettre à personne du soin d’ « inventer » sa propre maison. Il passait pour avoir même modifié le plan du parc que lui avait dessiné Lenôtre.

[1] J’ai utilisé, en les confrontant et en les critiquant, les documents suivants d’Argenville, Voyage pittoresque aux environs de Paris, 1749 ; Dulaure, Nouvelle description des environs de Paris, 1786 ; Le Fauve, Le tour de la vallée [de Montmorency], 5^e éd., 1868 ; Guide de Montmorency, sans nom d’auteur ni d’éditeur, 1896 ; A. Rey, J.-J. Rousseau dans la vallée de Montmorency, 1909 ; H. Jouin, Charles Le Brun, in-4°, 1889 ; Portefeuille de Bachaumont, ms. de la Bibl. de l’Arsenal etc…

[2] Houël donne Mansard comme l’auteur du petit château. Mais cette attribution ne me paraît pas fondée. Rousseau, mieux renseigné, dit expressément qu’il fut bâti « sur le dessin » de Le Brun ; et Cartaud, qui le restaura peu d’années après la mort de Le Brun, ne parle que de celui-ci. D’ailleurs ce peintre marquait un goût si vif pour l’architecture et la décoration, où il excellait, qu’il n’avait dû s’en remettre à personne du soin d’ « inventer » sa propre maison. Il passait pour avoir même modifié le plan du parc que lui avait dessiné Lenôtre.

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