sion de l’air, soit attraction des corpuscules (45) chaque grain de limaille se trouveroit par le simple contact lié et uni aux autres presque avec la même force qu’il l’étoit auparavant dans le morceau d’argent. Mais il est impossible de réduire cet argent en masse autrement que par la fusion ; mettez cette limaille dans un creuset, donnés-lui un feu suffisant, versez la dans une lingotiére et vous aurez un morceau d’argent comme auparavant. Vous pouvez encore réunir plusieurs corpuscules métalliques d’une autre maniére : car si vous jettés vôtre limaille d’argent dans de l’eau forte, elle s’y dissoudra ; après quoi, vous aurez par l’évaporation des sels ou Cristaux de lune qui seront composés d’eau d’argent et d’acide nitreux, cette même expérience se peut faire également sur tous les métaux mutatis mutandis pour le dégré de feu et pour l’espéce du dissolvant ; et en général nous ne connoissons d’autre voye de réunir les parties d’un corps pulvérisé que la fusion ou la dissolution excepté peut être certaines terres calcaires dont nous aurons occasion de parler ailleurs[1]. Je conclus de là que la fluidité est le principe de la solidité des Corps. Cela est manifeste pour les animaux et les végétaux : car toutte leur substance n’est formée que de sucs différemment combinés, et quand au régne minéral, cela n’est guères moins évident par les expériences dont je viens de parler. Car quoique nous ayons traitté des trois principes matériels sous le nom de terres, ce que j’en ai dit suffit[2] pour reconnoitre que cette notion n’en exclud pas la fluidité actuelle ou virtuelle.
Resteroit à savoir d’où vient précisément la fluidité ; quel en est le vrai principe et comment (46) elle peut disposer les parties d’un corps à former une substance dure et solide, cela n’est point de mon sujet puisqu’on ne sauroit resoudre
