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nomenclature et non à la clarté. Décrire, définir et classer, pour de là déduire, sont des opérations qui logiquement se tiennent ; mais les phénomènes naturels d’ordre géographique ne se plient pas avec un empressement toujours docile aux catégories de l’esprit.

La description géographique doit être souple et variée comme son objet même. C’est souvent profit pour elle de puiser dans la terminologie populaire ; celle-ci s’étant formée directement en contact avec la nature, telle désignation saisie sur le vif, tel dicton rural ou proverbe peuvent ouvrir un jour sur un rapport, une périodicité, une coïncidence, toutes choses qui se réclament directement de la géographie. Ce n’est pas non plus sans raison que dans les livres ou mémoires géographiques les représentations figurées tiennent de plus en plus de place. Le dessin, la photographie entrent à titre de commentaires dans la description. Les figures schématiques ont leur utilité comme instrument de démonstration. Mais rien ne vaut le dessin comme moyen d’analyse pour serrer de près la réalité, et comme contrôle de ces observations directes, qui trouvent aujourd’hui dans les excursions géographiques l’occasion fréquente de s’exercer. L’habitude de ces leçons itinérantes est, chez nous, un des plus remarquables gains pédagogiques de ces dernières années. C’est l’école de plein air, plus hygiénique et plus efficace que toute autre. Elle choisit d’avance ses textes, c’est-à-dire les paysages où se ramasse, dans une perspective plus facile à saisir, cet ensemble de traits caractéristiques qui gravent dans l’esprit du géographe l’idée de contrée.


VI. — la géographie et l’histoire.


Il va sans dire que dans cette physionomie l’homme, directement ou indirectement, par sa présence, par ses œuvres ou par le contrecoup de ses œuvres, s’impose toujours à l’attention. Lui aussi est un des agents puissants qui travaillent à modifier les surfaces. Il se range à ce titre parmi les facteurs géographiques de premier ordre. Son œuvre sur la Terre est déjà longue ; il est peu de parties qui n’en portent les stigmates. On peut dire que de lui dépend l’équilibre actuel du monde vivant.

C’est une tout autre question que celle de savoir quelle influence les conditions géographiques ont exercée sur ses destinées et particulièrement sur son histoire. Je ne puis qu’effleurer ici ce point important. L’histoire et la géographie sont d’anciennes compagnes qui ont longtemps cheminé ensemble et qui, comme il arrive entre de vieilles connaissances, ont perdu l’habitude de discerner les différences qui les séparent. Loin de moi l’intention de troubler l’harmonie de ce ménage. Il est utile toutefois que, tout en continuant de se rendre de réciproques services, elles aient nettement conscience des diver-