Page:Annales de géographie - Tome 22 -1913.djvu/299

Cette page a été validée par deux contributeurs.

échappe aux observatoires, il n’est pas douteux que la série des répercussions se poursuive. Les parties de l’océan sont mises en communication intime par une circulation de fonds et de surface. « Quum Oceanus movetur, totus movetur », écrivait déjà Bernard Varenius.

La partie solide du globe ne subit pas moins l’action d’une dynamique générale. L’ensemble des faits tectoniques que les explorations poussées dans les diverses contrées de la Terre ont mis en lumière, montre assez de coordination pour qu’Édouard Suess ait pu édifier sur eux une synthèse, dont l’idée même eût auparavant paru chimérique. La connaissance des régions polaires nous promet enfin de nouveaux exemples de correspondance et de corrélation, qui éclaireront sans doute d’un jour nouveau la genèse des phénomènes.

Cette idée d’unité est commune sans doute à toutes les sciences qui touchent à la physique terrestre, de même qu’à celles qui étudient la répartition de la vie. L’insolation, l’évaporation, la chaleur spécifique de la terre et de l’eau, les changements d’état de la vapeur d’eau, etc., s’éclairent par la comparaison réciproque des diverses parties du globe. La loi de pesanteur domine toute la diversité des formes d’érosion et d’entraînement, et se manifeste ainsi dans sa plénitude. Toute espèce vivante est dans une perpétuelle tension d’efforts pour acquérir ou défendre un espace qui lui permette de subsister, et cela sert de guide au naturaliste. La connaissance de ces faits qui, dans des ordres divers et à des degrés différents, contribuent à fixer la physionomie de la Terre, résulte d’un ensemble d’observations où chaque partie du globe doit, autant que possible, apporter son témoignage. Chaque science accomplit en ce sens la tâche qui lui est propre ; mais on ne peut pas dire qu’elle remplisse pour cela le rôle de la géographie : c’est ce rôle donc qu’il s’agit de préciser.


II. — la combinaison des phénomènes.


Je ne saurais mieux le faire qu’en empruntant à l’auteur d’un des meilleurs ouvrages qui aient été publiés sur la climatologie, le professeur J. Hann, les termes dont il se sert pour établir la distinction entre la météorologie et l’étude des climats. « Celle-ci, dit-il, est de sa nature plus descriptive ; elle a pour objet de livrer au lecteur une image aussi vivante que possible de l’action combinée de tous les phénomènes atmosphériques sur une partie de la Terre[1]. » On peut dire, en généralisant cette remarque, que la géographie, s’inspirant comme les sciences voisines de l’idée d’unité terrestre, a pour mission spéciale de chercher comment les lois physiques ou biologiques qui régissent le globe, se combinent et se modifient en s’appliquant

  1. Julius Hann, Handbuch der Klimatologie, Bd. I, Dritte Aufl., Stuttgart, 1908, p. 3.