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suivant les régions, le partage de ce volume est très inégal. Or, on constate que le climat désertique prévaut partout où la chute annuelle de pluie est inférieure à 200 millimètres, c’est-à-dire au-dessous du quart de la moyenne générale. En consultant une carte de la répartition des pluies, par exemple celle qu’a dressée M. Loomis[1], on peut s’assurer que tous les déserts connus sont situés à l’intérieur de la surface limitée par la courbe qui réunit les points à partir desquels la chute de pluie dépasse 20 centimètres.

Or il doit sembler, a priori, que la richesse plus ou moins grande de l’air en vapeur d’eau, et son aptitude à abandonner cette vapeur par condensation, n’aient rien à voir avec la constitution propre du terrain que balayent les vents. Si l’air est très sec, c’est que le vent qui l’amène l’a pris dans des pays où l’évaporation se faisait mal ; si, non content d’être sec, c’est-à-dire de ne pas apporter d’humidité, le vent est desséchant, autrement dit enlève de la vapeur aux pays qu’il traverse, c’est parce que la direction qu’il suit veut qu’il s’y réchauffe, se trouvant ainsi de plus en plus éloigné du point de saturation. Ces circonstances paraissent devoir être exclusivement gouvernées par les conditions, essentiellement cosmiques, qui règlent à la surface la répartition de la température et les mouvements généraux de l’atmosphère.

C’est ainsi que les vents alizés, quand ils passent sur la terre ferme, sont nécessairement desséchants. En effet, ils descendent des hautes régions de l’atmosphère, pour combler ensuite, en rasant la surface dans la direction de l’équateur thermal, le vide causé par l’aspiration qui a lieu sur cette ligne, en raison de l’excès de chaleur versé par le soleil. Durant ce parcours, l’air des alizés ne cesse de se réchauffer, parce qu’il descend en altitude comme en latitude, devenant de plus en plus apte à contenir de la vapeur. Si donc la descente de la colonne froide appelée à la surface a eu lieu sur un continent, l’alizé, qui, dévié par la rotation de la terre, souffle du nord-est dans l’hémisphère boréal, du sud-est dans l’autre, sera un vent desséchant ; de sorte qu’une zone désertique succédera, de part et d’autre, à la bande médiane qui reçoit les pluies équatoriales.

C’est justement ce qui arrive pour le Béloutchistan, l’Arabie, l’Égypte et le Sahara dans l’hémisphère boréal, pour le pays intermédiaire entre la colonie du Cap et le Congo dans l’Afrique australe. S’il n’y a pas à cet égard parité complète entre les deux bandes, c’est parce que les surfaces continentales sont infiniment plus développées au nord de l’équateur, de sorte qu’en Afrique australe, la partie orientale du continent bénéficie de ce que les alizés lui arrivent après avoir soufflé sur la mer.

  1. Voir dans l’Atlas physique de Berghaus, no 37.